Et nous: L'indignation, la colère et la militance
Militer vient du latin militare qui veut dire être soldat. Ce qui implique une notion de lutte, de combat pour une cause, de défense de droits. Par son côté combatif, elle sous-tend une force, un besoin de changement. Ainsi la militance peut être nourrie par un sentiment d’injustice, de colère ou de vif enthousiasme.
Les membres de l’AFQM sont composés de personnes cumulant, depuis parfois plusieurs générations, diverses formes de précarités. Mais aussi de bénévoles et de professionnels, convaincus de l’utilité de s’unir pour la cause du Quart Monde. Au fil des ans, nous avons vu des aides s’ajouter au filet social existant. Nous avons constaté des hausses ainsi que de nouvelles rentes. Pourtant, le sentiment d’inutilité, d’être un « cas soc », une famille « à problèmes », lui, perdure…. Nos membres ont de la difficulté à se voir partie prenante de notre société.
Castel va même plus loin en dénonçant nos politiques sociales et en les accusant d’avoir échoué à réintégrer la majorité de leurs bénéficiaires, de leur ménager une place reconnue dans un réseau de relations d’interdépendance qui constitue une société.
Ce sentiment d’exclusion en engendre forcément d’autres, dont la colère…
Et la colère peut être cette force de rassemblement qui suscite la militance. C’est-à-dire, comme le décrit Hosselet , cet engagement qui peut être dans un collectif, dans une communauté de sens, ou dans une lecture du monde, qui donne prise sur nos sociétés et nous inscrit dans une histoire et une identité.
En nous extirpant de notre vie personnelle, la militance contribue à une restauration de l’estime propre, redonne un sentiment d’être utile au monde.
A l’ AFQM, ce militantisme se traduit par le « faire avec », par redonner à nos membres un « pouvoir d’agir » et un droit à l’expression et à la parole.
« Militer, c’est mener une lutte pour faire disparaitre la source du problème sur le long terme. Cela passe également par la prévention qui pourrait éviter que des mêmes schémas se reproduisent sur plusieurs générations. Selon cette idée, l’association devrait continuer ses actions militantes au détriment de ce qui s’apparenterait à de la charité.» Marinette, membre de l'AFQM
1 R. Castel, Les métamorphoses de la question sociale, Folio essais, 2002
2 M. Hosselet-Herbignat, Revue Quart Monde n° 252, Franchir le seuil de militantisme, 2019
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