Derrière chaque placement, une histoire : témoignages du 17 octobre 2025
Le 17 octobre, à l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, l’Association des Familles du Quart Monde était sur la Place Saint-Laurent à Lausanne pour s'exprimer sur un thème sensible et trop souvent passé sous silence : le placement d’enfants dans des contextes de précarité.
À travers des témoignages bouleversants, les familles ont rappelé combien il est urgent de distinguer la pauvreté de la maltraitance, et de construire des politiques de soutien qui respectent la dignité des familles.
Cette journée a été un moment essentiel de parole, où chacun·e a pu raconter son vécu, exprimer ses blessures, mais aussi transmettre un message d’espoir et de courage.
Distinguer la maltraitance des difficultés
Les témoignages ont souligné une évidence trop souvent oubliée : il faut faire la différence entre les situations où un enfant est réellement en danger — violences, abus, négligence grave — et celles où des parents traversent simplement des difficultés de vie, aggravées par la pauvreté, l’isolement ou la fatigue.
Beaucoup de familles ne demandent qu’à être écoutées, soutenues et accompagnées. Ce qu’elles attendent, ce n’est pas la peur d’un signalement, mais la confiance d’une société qui croit en leurs capacités. Reconnaître les efforts, valoriser les démarches, offrir un appui adapté : c’est ainsi qu’on protège véritablement les enfants, en renforçant les liens familiaux plutôt qu’en les fragilisant.
Un système qui menace au lieu de soutenir
Plusieurs personnes ont dénoncé un système qui, au lieu de les aider, leur fait craindre de perdre leurs enfants.
Quand une mère demande de l’aide pour les devoirs, quand un père cherche un logement ou du soutien éducatif, la réponse ne devrait jamais être une menace de placement. Les services sociaux ont pour mission de soutenir la parentalité et de prévenir la rupture, en accompagnant les familles avec bienveillance et respect.
Protéger l’enfant, c’est d’abord protéger la relation qui l’unit à ses parents.
Rendre visibles les inégalités
A été également abordé le poids des préjugés : une fois une étiquette posée, comme “famille suivie”, “milieu fragile”, “enfant du SPJ” , il devient difficile de se libérer du regard des autres. Pourtant, chaque famille a son histoire, ses forces, ses espoirs. L’accès à l’aide doit être équitable, transparent et respectueux, pour que personne ne se sente jugé ou disqualifié d’avance.
Les parents doivent être reconnus comme des partenaires éducatifs à part entière, porteurs de savoirs et d’amour pour leurs enfants.
Écouter les personnes concernées
Une participante a raconté avoir été signalée à tort, interrogée sans soutien, ignorée dans ses appels à l’aide. Elle a dit sa douleur d’avoir été traitée comme un “cas” au lieu d’être écoutée comme une personne :
“Nous devons être entendus comme des personnes à part entière, pas seulement comme des dossiers à traiter.”
Cette parole rejoint le cœur des valeurs de l’Association des Familles du Quart Monde : aucune décision juste ne peut être prise sans la participation des premiers concernés.
L’espoir plus fort que la peur
Et malgré les épreuves, des paroles résonnent de détermination :
“Ne baissez jamais les bras. Aimer son enfant au quotidien, cela vaut chaque minute de cette épreuve.”
Ce message de courage rappelle que rien n’est irréversible quand l’accompagnement est humain, persévérant et respectueux.
Quand les familles sont soutenues au lieu d’être jugées, elles trouvent la force de se relever et de reconstruire.
Refuser la misère, c’est refuser l’injustice qui l’accompagne.
C’est construire une société où demander de l’aide n’est plus une honte ni une menace, mais un acte de courage et de dignité.